Polina Jourdain-Kobycheva

MES UNIVERS

PORTRAITS

Les portraits, c’est une approche vers l’univers unique de chaque personne. C’est découvrir chaque fois une planète méconnue. La beauté, les traits du caractère, tout peut ressortir sous un regard attentif. J’essaie de m’approcher de la personne le plus délicatement possible afin qu’elle ouvre son univers devant moi et que je puisse le mettre en valeur.
Je photographie des visages, des regards et des postures à la fois amusées et ironiques, sérieuses et joueuses, comme pour relever un défi face à la vague d’anonymat qui écrase et uniformise les individus. Sur mes portraits, on perçoit également, les aléas du temps qui passe, qui use les corps et les esprits.
On y lit enfin, une joie profonde, une assurance, ainsi qu’un plaisir de se sentir vivre, encore et encore.

L’ABSOLU DELICAT

Je fus toujours enchantée par la danse. Mais mon admiration pour la danse demeure toujours après de nombreuses années, elle a donné lieu à une observation enthousiaste de la vie de la danse à travers mon objectif. Au début, je cherchais le geste performant sur scène, puis, de plus près dans la salle de classe et dans le studio photo. 
Mon intérêt est centré sur le danseur et son intime relation avec la naissance du mouvement. Je désire vous faire rentrer dans son univers pour saisir des instants secrets avec délicatesse et humilité. Les lignes du corps se révèlent poésie et mouvement. Mais le travail quotidien, les répétitions, les instants de détente, ceux de concentration et enfin le couronnement par la scène triomphante, ont enthousiasmé tout autant ma démarche artistique.
Derrière les gestes élégants se dissimule le travail routinier. L’observateur non initié ne se doute pas qu’un geste parfait a demandé des centaines d’exécutions. L’opiniâtreté du danseur dans sa recherche naturelle de cet idéal se révèle  à travers des mouvements parfois imparfaits mais touchants par leur devenir.
La beauté des lignes du corps des danseurs trace des courbes harmonieuses et raffinées qui ne sont pas sans rappeler les arabesques de la danse elle-même. Avec force admiration pour leur silhouette et leur modelé du corps je désire transmettre l’immédiateté et la fragilité du moment, créant le mystère de la danse en tant qu’élément indissociable de la vie.

EN CORPS

Le projet sur la danse « En Corps. Que reste-t-il quand le corps du danseur n’est plus performant ? », consacré aux anciens danseurs a été présenté pour la premiere fois Dans le cadre du festival de Temps aimer la danse 2018 à Biarritz.

J’ai commencé ce projet par photographier les anciens danseurs Jacques Alberca, né en 1942, et Gilles Schamber, né en 1960. Quel devenir pour le corps du danseur face aux années qui passent ? Les photos disent une grande intériorité du mouvement, témoignent d’un danseur qui fait le choix de l’essentiel, libéré de la performance, et paradoxalement moins soumis aux contraintes. Le temps qui passe est une opportunité de faire autrement. « Le point de vue de la danse occidentale », dit Jacques Alberca, « passe encore par le prisme de la performance technique. Ce qui me questionne aujourd’hui, c’est le changement de point de vue, à savoir, s’orienter avec le temps vers des états de corps parlants, peu importe l’âge. » 

Pour moi le corps fait sens, sans anticiper sur la forme, je m’arrête sur ce que produit le corps et non sur ce qu’il risque de reproduire. A travers la représentation du corps, je parle de l’évolution du « corps-histoire ». Dans ce travail je propose une poétique du corps et ses mouvements pour faire de sa représentation non seulement un objet, mais un outil de pensée sur le monde.

ABSTRACTIONS EN VERRE

Ce projet est né dans les profondeurs de l’atelier du sculpteur Serge Abril à Biarritz. Ses petits objets, collés  à partir de fragments de verre, m’ont attirée par sa géométrie des lignes et la réfraction des reflets de la lumière sur la surface, et m’ont inspiré pour la création d’une série de photographies. 

La beauté des lignes, la géométrie et les contrastes de lumière ont toujours été mes principaux styles d’expression. J’aime le jeu de la lumière sur la surface des objets, les ombres profondes et les plans rapprochés.

Il existe pour moi une frontière entre la plongée dans les ombres et les explosions de lumière, une frontière où s’actualise notre mémoire, où l’image apparaît et se construit reconnaissable à la fois dans l’espace et le temps.

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